Un fantôme par une nuit sans lune.

S'il n'y avait pas eu ce bruit métallique, on aurait pu croire à un fantôme, habillé de son éternel costume blanc, Antonnin marchait sur les tombes. Oui, dessus. Ainsi les renforts métalliques de ses semelles contre le marbre produisait ce fameux bruit. Un bruit à réveiller les morts...Cela l'aidait à se concentrer. De même cette étrange chanson qu'il murmurait du bout des lèvres. Etrange parce qu'ainsi qu'on peut s'y attendre d'une personne qui marche sur les tombes en peine nuit, ce n'est pas le genre de chant qu'on entend à la radio. En fait, il s'agit d'une incantation à l'attention de Baron Samedi, le Maître incontesté du Royaume de l'Au-delà, dans le folklore Vaudoo. Enfin, il tenait sa canne dans sa main. Mais pas pour s'aider à marcher, non rien chez cet homme ne peut être normal et habituel. Il tenait sa canne pincée entre son majeur et son annulaire de la main droite. Ni trop lâche ni trop forte, son étreinte sur son pommeau impliquait à l'objet un mouvement de balancier d'avant en arrière. Et ainsi allait le corps d'Antonnin Bellaventure, nécromancien de son état, les yeux fermés et la tête tournée vers le ciel.

Mais son esprit n'était pas là, pas tout à fait. Son esprit, ses sensations s'étendaient autour de lui dans toutes les directions. Comme autant de bras inquisiteurs partis palper les tombes, ausculter les cercueils, fouiller le passé des morts. Il y avait des fantômes, apparitions evanescentes qui lui laissait un sentiment d'amertume, ou de colère, ou de peur, chacun d'eux avait son histoire et sa personnalité, souvent résumée aux derniers instants d'un vie somme toute banale. Tient! Une tombe vide. Sans doute une goule, ou un vampire, autant de choses devenues tristement banales elles aussi depuis que l'existence du surnaturel n'était plus à prouver.

Dire qu'il y a moins de deux siècles, les premiers colons débarquaient dans ce pays inconnu et passaient chaque nuit à trembler des choses inconnues qui se tapissent dans l'ombre. Maintenant, c'était...différent. La peur nait de l'ignorance et de la peur vient le respect. Les hommes modernes avaient rationalisés le surnaturel. Les médecins s'étaient accodrés sur une nouvelle définition de la mort, ainsi, il n'y avait plus de morts-vivants, seulement un état clinique particulier. Ils avaient détruits les monstres plus surement que tous les éxecuteurs réunis ne pourraient jamais le faire: en les rationnalisant. C'était insuportable pour lui que la science, dans son orgueil infini, finisse par expliquer l'inexplicable. La crainte de Dieu avait disparu aussi surement et pour les mêmes raisons. Maitenant ce qu'on craint c'est les criminels, les drogués, les pervers...voilà le genre de monstres qui avaient remplacés ses fantômes et ses vampires...quelle déchéance.

Voilà le genre de pensée qui troublaient la concentration du nécromancien. Il commençait à perdre contact avec les esprts des morts. Inutile de poursuivre, il était trop perturbé. Il décida de rentrer à son bureau pour attendre des clients. Il espérait que cela le fatiguerais assez pour trouver le sommeil. Il savait d'expérience qu'interrompre sa méditation n'était pas bon signe concernant la nuit prochaine, cela révélait qu'il n'allait pas bien. Au besoin, il passerait par cette boutique d'occultisme pour prendre un somnifère. Pas le genre qu'on trouve dans une pharmacie normale évidemment...

Admin Nombre de messages : 231 Age : 34 Date d'inscription : 16/08/2006

Une ombre dans le cimetière. Plus réelle que la plupart des choses pâles et fantômatiques qui occupaient les lieux. Une autre qui chaque soir, revenait, inlassablement. Comme un papillon, attiré par la lumière, sans pouvoir s'en empecher, elle atterissait là, au milieu des tombes. La plaie était encore trop récente, et la douleur restait trop lancinante pour qu'il puisse se retenir d'y succomber...Kalÿce soupira. A continuer ce genre de stupidité, il avait le sommeil complètement décalé. On rompt difficilement avec les habitudes qui ont trois cents ans, tout comme on rompt difficilement avec le passé. Et le Clairvoyant savait tout à fait de quoi il parlait...tout aurait été tellement plus simple si lui aussi avait péri, cette fameuse nuit. Beaucoup de peine lui aurait été épargné. Mais maintenant...il n'était plus capable d'y mettre fin. Cette sensation n'est inconnue pour personne: les tristesses sont toujours langoureuses. Alors que l'on pleure, qu'il faut creuser pour tomber plus au fond encore, on prend un certain plaisir malsain à sa propre douleur...

Saisissant sa croix entre le pouce et l'index, il l'apposa sur son front, un bref moment, avant de laisser retomber le bijou sur sa poitrine, et de se relever. Les morts ne s'étaient pas relevés pour lui, il ne s'y était d'ailleurs pas attendu. La tombe d'Annys était vide, et il restait trop peu de Lucil pour qu'une quelconque force au monde puisse la faire revenir. La main un peu hésitante, il effleura la pierre du bout des doigts. Au début de soirée, à son réveil, il n'y voyait rien. Il y avait des jours ainsi, où le lien disparaissait complètement, par delà la tombe, et où sa cécité revenait, infâme virus qui jamais ne le laisserait en paix. Et trois cents ans de clarté peut-être perdus, faisaient mal. Alors il avait placé ce sempiternel bandeau sur ses yeux dans l'espoir d'y voir, demain. Que tout irait bien, comme par magie. Comme il l'avait toujours esperé. Il ne lui restait pas grand chose d'autre que ce genre d'espoirs, et son pouvoir ingrat, qui ne servait que les autres, et le pénalisait lui.

Avec lenteur, presque distraitement, le clairvoyant épousseta son manteau, et ramena son écharpe contre son visage. Le monde avait changé, beaucoup trop pour lui, même si son absence n'avait duré qu'une année. Les Hommes étaient devenus bien pires que tout ce qu'ils avaient pu être en trois cents ans. La seule chose peut-être bénéfique qu'ils aient pu faire aurait été de reconnaître l'existence des vampires. Même si cela n'avait faire qu'accroître la puissance du Conseil. Le Conseil...il les haissait tous, ces Maîtres. Il aurait voulu qu'ils meurent dans d'atroces souffrances, parce qu'ils ne méritaient rien d'autre. Parce que la seule justice qui existait pour eux était celle du plus fort, et qu'ils n'intervenaient jamais pour sauver qui que ce soit, même les leurs. Et un jour, ils payeraient pour ne pas être intervenus, ce jour là.

Il ne restait à Kalÿce qu'à partir, comme il le faisait toutes les nuits. Mais ce soir avait quelque chose de différent. L'air portait cette odeur de mort et de pouvoir entremêlé, propre à ceux qui maniaient la magie. Celle qui nécéssite précisément que l'on se trouve dans un cimetière...Le clairvoyant se maudit un instant, pour ne pas avoir sentie avant la présence, et se retourna. Son nombrilisme et son interet pour ses tourments personnels causeraient un jour sûrement sa perte, de même que sa distraction. Bien sûr, il n'y voyait rien. Mais il sentait. Et peut-être pire encore, il entendait le claquement métallique qui se rapprochait. Il inspira profondément. En ville, il n'y avait pas cinquante êtres surnaturels. Enfin si, beaucoup plus, mais...pas cinquante clairvoyants, ou wiccans. Ou nécromanciens. La lumière se fit dans son esprit quant à ce qu'il ressentait. Quelqu'un arpentait le cimetière.

"Axel...?"

Il sut qu'il avait faux avant même d'avoir prononcé son nom. Axel avait une démarche plus silencieuse, plus vicieuse...il n'était pas Executeur pour rien après tout. Ce faire entendre autant n'était pas de lui. Et le pouvoir n'était pas exactement de même nature. Bon. Autant qu'il le savait, aucun mage noir n'avait récemment sévi en ville, et tué des gens. Il n'avait alors sûrement rien à craindre. Avec lenteur, il alla se positionner au milieu de l'allée, pour être bien visible, aux pas qui se rapprochaient. L'aura, lentement, se dissipait, comme si la traversée des tombes étaient terminés. De l'inconnu alors, il ne percevait plus qu'une présence incertaine, agrémentée du bruit de ses semelles métalliques. Le claquement de ses pieds sur les tombes de marbre. Kalÿce frissonna. Peut-être n'était il finalement pas si sûr d'être tout à fait en sécurité.

Alors qu'il s'aprêtait à quitter ce lieux pour le monde des vivants, le nécromancien fut interpellé. Un fantôme? Non, ils n'étaient pas en mesure d'intervenir de la sorte de ce côté de la réalité. Il se retourna. Une créature se tenait là, devant lui. C'était donc cela qui avait perturbé sa concentration. Quel intérêt d'arpenter les cimetierres la nuit si n'importe qui pouvait y rentrer et...faire quoi? Ce n'était pas un de ses pairs, sinon il l'aurait repéré bien plus tôt. Antonin fit un petit bond de côté pour se placer dans l'allée et s'avança vers cet individu. En s'approchant, il comprit vite que quelque chose clochait. Pour chasser son doute il passa sa main devant le visage de l'inconnu, il était tout prêt. Aveugle...Qu'est-ce qu'un infirme pouvait faire seul dans un cimetierre au milieu de la nuit.

La mort est mon domaine, mais vous, qu'est-ce qui ammène dans cet endroit sinistre?

Interrogea le détective de sa voix profonde.

Admin Nombre de messages : 231 Age : 34 Date d'inscription : 16/08/2006

Kalÿce n'avait pas vraiment peur. Disons simplement que toutes les années qu'il avait pu vivre parmi les vampires et autres morts vivants l'avaient rendu particulièrement méfiant. Surtout envers les choses qui concernaient la magie. Les gens ne payaient pas de mine dans ce domaine là. C'était un sale jeu de mensonges, et de pouvoirs, qu'il detestait, mais auquel il ne pouvait rien. Les nécromanciens n'échappaient en général pas à la règle. Ils passaient souvent leur temps à réaliser des rituels illégaux. Les autres se mettaient au service de la BIS, et au final, n'utilisaient leurs pouvoirs pas plus que les réanimateurs. Du gâchis. Mais il ne connaissait pas la personne qu'il avait en face de lui. Et ne pas pouvoir la juger était aussi éffrayant que s'il l'avait su mauvais.

Il sentit l'individu revenir vers le milieu de l'allée. Tant mieux. Il avait cessé de marcher sur les tombes, et donc n'avait pas pietiné celles que le Clairvoyant chérissait tant. La chose l'aurait peut-être rendu un chouilla irascible. Sans bouger, il attendit que l'homme s'approche. Il lui semblait grand, même s'il n'y voyait rien. La tentation était forte de retirer son bandeau, pour tenter d'aperçevoir sa silhouette. Mais il n'avait pas besoin de ses yeux pour se défendre. L'aura d'un nécromancien était facilement reperable à plusieurs mètres. Et Kalÿce tirait très bien.

"La mort est aussi mon affaire, mais peut-être n'y avons nous pas le même rapport. Les cimetières sont plus tranquilles la nuit, on y est mieux pour faire ce qu'on a à faire. Je pense que vous en savez quelque chose."

Ramenant quelques mèches rebelles derrière ses oreilles, il se décida quand même à dénouer le ruban qui bandait des yeux, et le rangea dans sa poche. Il fronça les sourcils, et leva la tête, forçant sa vue. La seule chose qu'il savait de l'inconnu était qu'il était vêtu de blanc. Et qu'il lui rendait au moins vingt centimètres. Le genre de personne qui en plus d'avoir le pouvoir, avait le gabarit pour palier à tous les problèmes.

"Il n'y a pas beaucoup de nécromanciens en ville. Qui êtes-vous?"

Etrange rencontre décidément. D'abord, Antonin n'aimait pas être dérangé pendant lorsqu'il arpentait un cimetierre. C'était un moment privilégié de communion avec le monde d'au-delà. Ensuite, le fait d'être percé à jour aussi facilement le rendait nerveux. Son interlocuteur était probablement un clairvoyant il n'en était pas sur mais il retint cett hypothèse, ainsi il mettait un nom sur lui et était moins inquiété. Car sait-on jamais, cet inconu pouvait très bien se révéler dangereux malgré sa cécité. d'ailleurs, il croyait discerner un mouvement de pupille derrière le rouge de ces yeux. Mais impossible d'en être sur à travers l'obscurité. Il fit sauter sa canne dans sa main pour assurer sa prise sur le manche, au cas où. Il se rapprocha encore de son interlocuteur, conscient de son ascendant physique sur le frêle humain. Même le plus puissant des vampires pouvait douter face à un adversair suffisamment dissuasif, Antonin avait évité bien des conflits physiques grâce à un peu de psychologie mêlée d'intimidation.

Antonin Bellaventure, détective Occulte. Je viens d'installer mon bureau. Pensez à moi au besoin. D'ailleurs, à qui ai-je l'honneur?

Répondit-il sur un ton légèrement condescendant, lointain. Il aurait donné l'impression à un observatuer extérieur d'être absent, parcequ'il ne regardait pas son interlocuteur et n'avait pas l'air tendu. Mais en fait, il restait sur ses gardes, conscient que la situation en apparence anodine pouvait très bien se révéler être un piège.

Admin Nombre de messages : 231 Age : 34 Date d'inscription : 16/08/2006

Kalÿce ne savait pas trop quoi penser. Sa méfiance, devenue naturelle, le rendait très peu apte à des conversations avec des gens dont il ignorait tout. Encore plus s'ils trempaient dans la magie. Encore plus s'ils étaient nécromanciens. Kalÿce n'avait pourtant jamais éprouvé cette méfiance naturelle envers Axel. Il lui avait accordé sa confiance, et ce, pour la licence d'Executeur que l'homme portait toujours sur lui. Le genre de chose qui acrédite une bonne foi mieux que de très longs discours, ou des années de fréquentations.
Il entendit très distinctement le bruit que fit l'objet, en l'occurence la canne, en revenant correctement dans la main de son propriétaire. Brièvement, son coeur s'affola. Ca, par contre, dans le noir, il n'arriverait jamais à l'eviter dans l'état actuel des choses. De ses yeux, dans le cas présent. Pourtant, il ne recula pas devant l'inconnu. A cause de ce stupide jeu instauré dans le monde de ténèbres, qui disait que jamais il ne fallait montrer que l'on était intimidé. Que jamais il ne fallait laisser perçer une faiblesse, une inquietude, ou un quelconque ascendant que l'autre pourrait avoir sur soi.

Cette manoeuvre rassurait plutôt le Clairvoyant. Ils n'avaient peut-être pas l'intention de se sauter à la gorge, finalement. Sans un mot, il écouta ses paroles, et nota son nom dans un coin de son esprit. Nom qui ne lui disait rien, d'ailleurs. Mais il ne doutait pas qu'après quelques recherches, ce dernier serait plus parlant. Il n'existait pas une centaine de Détectives Occultes dans tout le pays. Le ton de son interlocuteur était trop calme, trop normal. Kalÿce ne savait pas trop quoi penser, ce que ce calme pouvait cacher. De mauvaises intentions? Une inquietude? Une méfiance exacerbée? Le frèle humain se surprit à sourire. Comme ci le poid plume qu'il était pouvait lui nuire...Dans un cimetière, entouré de centaines de zombies prêts à servir, avec ce physique? Bah voyons...

"Je suis Kalÿce. Mais mon nom ne vous servira pas à grand chose en soi, quand bien même je vous aurais donné le complet."

Presque distraitement, et comme s'il y voyait comme en plein jour, Kalÿce rajusta ses gants. Il n'avait pas l'intention de lui dire qu'il était clairvoyant. Le detective l'avait peut-être déjà deviné. Mais il ne voulait pas qu'il en vienne à s'imaginer qu'il était Clairvoyant en service. Ses dons ne servaient personne, pas même lui-même. Pareillement, inutile de se vanter de ses trois cents années, ou de son ancien triumvirat. C'étaient des choses qu'il mettait toujours soigneusement de côté, comme informations dangereuses. Et il ne voulait pas laisser la possibilité de poser des questions.

"Detective occulte, alors? Il n'y en a pas beaucoup en ville. Voire pas du tout. Il faut dire que la BIS fait du bon travail, à l'occasion...et les Vampires se tiennent tranquille."

Les relations sociales, lorsqu'on trianait dans le milieu du surnaturel et de la nuit, n'était jamais franches. Voir carrément, elles se muaiient en un rapport de force plus ou moins latent. Mais au milieu de la nuit dans un cimetierre, il devenait encore plus difficile de jongler avec les convenances. Sensiblement, les vampires étaient les plus habiles à ce petit jeu, mais cet humain n'était pas mauvais du tout. Il savait qu'il avait à faire à un nécromancien, ainsi qu'il lui avait fait comprendre. Antonin, par contre n'avait pas tant d'informations sur son adversaire. Il pouvait s'entourer d'une armée de cadavres et briser quiconque se mettait en travers de son chemin. S'il avait deviné qu'il était qu'il avait à faire à un nécromancien, Kalÿce savait aussi cela. Alors pourquoi n'avait-il pas l'air inquiet? Si c'était un vampire, il cachait bien son jeu. Dans le doute, Antonin préféra couper court à la conversation:

"Je ne compte pas faire le travail de la BIS, ni des éxecuteurs. Par contre si vous avez besoin d'une intervention disons, discrète et qui ne regarde pas les autorités officielles. Passez à mon bureau dans la journée."

Il était ouvert bien après le coucher du soleil mais il n'était pas obligé de donner ses horraires de travail au premier venu, n'est-ce pas? Surtout rencontré dans un cimetierre. Sur ce, il commença à s'éloigner, passant à côté du clairvoyant.

Admin Nombre de messages : 231 Age : 34 Date d'inscription : 16/08/2006

Bah, la conversation allait peut-être tourner court finalement. Le clairvoyant se moquait bien de l'issue de cet échange de paroles. Sa tension retombait, graduellement, à mesure que l'atmosphère restait sereine, même si morte. Il n'arpentait plus le cimetière, et n'allait pas invoquer un quelconque zombie pour le mettre en péril. L'idée de ne pas avoir de combat à livrer, là, tout de suite, était plutôt rassurant. Non pas que Kalÿce eut peur de perdre contre un mort vivant -car il était trop bien équipé pour pallier à ce genre de problème - mais la lutte contre un nécromancien était une affaire différente. Quelqu'un capable de vous jeter une malédiction avec une poupée et des clous, ainsi que votre nom, a toujours quelque chose d'un chouilla effrayant. Un chouilla. Les rituels vaudous avaient beau être interdits, tout le monde savait ce qu'il en était, dans ce domaine. Les interdits sont fait pour être allègrement brisés.

Sans bouger, les yeux fixes, ayant peut-être un peu froid, le clairvoyant continua d'observer son interlocuteur, dans le brouillard de sa mauvaise vision, et d'écouter. Les dires de l'homme confirmaient parfaitement l'idée première de Kalÿce quant à la chère notion d'interdits occultes...C'était tout l'avantage d'être détective, plutôt qu'inspecteur. On n'a de compte à rendre à personne quant à ce qu'on fait de ses journées...Mais une idée traversa soudain l'esprit du frêle humain. Une idée qu'il avait eu, qu'il avait partagé...et un plaisir qu'on lui avait refusé. La BIS n'avait pas voulu en entendre parler, sans preuves. Axel lui aussi, sans mandat, avait refusé. Et lui-même ne pouvait pas réaliser seul son projet. Finalement, cette rencontre ne serait peut-être pas aussi inutile qu'elle en avait l'air...

Le clairvoyant se retourna, pour suivre le nécromancien, fourrant ses deux mains gantées dans ses poches. Il n'allait pas tomber, ni même lui rentrer dedans, ou quoi que cela, y voyant suffisamment. Aucun soucis à se faire.

"Je vais dans cette direction aussi. D'ailleurs, vous ne m'avez pas donné l'adresse de votre bureau. Je passerais peut-être, un soir. Je sors rarement la journée."

Kalÿce, un vampire? Certes non. Mais vivre dans le monde des ténèbres signifiait vivre au même rythme que les créatures qui en naissaient continuellement. On chasse mal le vampire en pleine journée, et les rencontres y sont moins interessantes...Sans rien ajouter, il emboita le pas à l'autre homme, laissant une distance, tout autant qu'un retrait, entre eux deux.

Déjà le détective arrivait tout près de la sortie du cimetierre, conscient de s'éloigner d'une aide non-négligeable si ce mystérieux "Kalÿce" se montrait vindicatif. D'autant moins rassuré qu'il entendait nettement les bruits de pas derrière lui. Mais ce n'était ni l'âme ni le sang du nécromancien qui intéressait Kalÿce, c'était ses services. Antonin esquissa un sourire, il avait touché juste en évoquant ses accréditations non-officielles. On a tous besoin de contourner la loi un jour ou l'autre. Et les gens qui se promènent la nuit dans les cimtierres plus que tout autre. La masse de chair que trainait Antonin se détendit quelque peu et ses jambes céssèrent de le faire avancer. Il se laissa rattraper par son poursuivant et vérifia ses poches. Normalement il avait toujours des cartesde visite sur lui. S'il y avait pensé, il n'avait pas encore pris ce genre de réflexes et ne se souvenais pas encore de son adresse. Au bout de quelque seconde, il trouva le petit paquet de bristols et en retira un qu'il tendit en direction du clairvoyant. Arriverait-il à l'attraper? La question de sa réelle cécité hantait le détective depuis le début de leur rencontre.

"Ma carte". Déclara-t-il laconiquement. Dessus était inscrits son adresse, le symbole d'un oeil au centre d'une croix et la mention "Docteur Antonin Bellaventure, détective privé, spécialiste en questions surnaturelle". Il avait hésité à ajouter la mention somme toute vague de "résolvateur de problème" mais clea sonnait trop mafieux à son goût, et puis il ne voulait pas être identifié comme un nécromancien ou atre sorcier quelconque.

Admin Nombre de messages : 231 Age : 34 Date d'inscription : 16/08/2006

Cette étrange rencontre touchait à sa fin, et Kalÿce en était parfaitement conscient. Mais il savait également que ce ne serait sûrement pas la dernière fois que les deux hommes seraient ammenés à se rencontrer...Le clairvoyant allait devoir dévoiler pas mal de choses au nécromancien, qu'il n'avait revelé à personne d'autre. Mais cela en vaudrait la peine. Une petite vengeance en vaut toujours la peine. Surtout lorsqu'elle est mûrement réflechie, et servie gelée...
Laissant tourner cette agréable idée au creux de ses pensées, Kalÿce continuait de suivre tranquillement l'imposante personne, les yeux dans le vague. Heureusement que le costume de son interlocuteur était blanc, et donc bien visible, sinon, il n'aurait pas donné cher de cette traversée, sans points de répères...

Rattrapant Antonin, il le laissa fouiller ses poches. Un très, très bref instant, il resta sur ses gardes, de peur qu'il n'en sorte quelque arme, ou objets de ce genre, mais ne broncha pas. Inutile de se crisper pour rien. Lancer l'offensive à la sortie d'un cimetière ne serait en rien à l'avantage du nécromancien. Ses yeux se fixèrent enfin, tant bien que mal, sur la carte de visite que lui tendait le detective. Il la voyait, peu distinctement certes, mais la manche d'une blancheur éclatante l'aidait fortement. Dégagant une de ses mains de ses poches, il attrapa l'objet entre l'index et le majeur, sans entrer en contact avec la main d'Antonin, et la rangea immédiatement. Il n'aurait su lire, dans son état actuel, ce qui était écrit dessus, alors inutile de se la faire dechiffrer. Demain peut-être, à la lumière du jour, saurait-il reconnaitre l'adresse.

"Merci. Bien, je crois que nos chemins se séparent ici. Passez une bonne nuit."

Et sans plus attendre, le saluant d'un simple geste de la tête, le Clairvoyant s'éloigna vers la sortie toute proche du cimetière, et s'enfonça dans la rue.

(je te laisse conclure, ou si tu as encore quelque chose de crucial à dire, ne tiens pas compte de la toute fin de mon message ^^.)

Le détective esquissa un sourire devant l'hésitation de l'aveugle. S'il simulait la cécité, c'était finement joué, constata-t-il. Il ne pouvait décidément s'empêcher de se méfier de ses semblables. Si tant est que ceux qui ne pratiquaient pas la nécromancie pouvait compter parmi ses semblables...Il regarda le clairvoyant s'éloigner en s'amusant de cette ironie, un clairvoyant aveugle, le destin pouvait se révéler cruel, parfois, souvent même. Une fois que ce dernier fut loin, Antonin prit lui-même le chemin de son bureau.

"Nos chemins sont ammenés à se croiser à nouveau, Kalÿce le clairvoyant." Dit-il pour lui-même. Et il disparut à son tour dans le sombre manteau de la nuit. Elle était fraiche d'ailleurs, il remonta son col et enfonça ses mains dans ses poches, tenant sa canne sous le bras avant de n'être plus qu'une silouhette blanche, un fantôme par une nuit sans lune.

» Une longue nuit.
» Une nuit trop parfaite