Un martini?

David était en grande conversation avec Valariel, voire même plus, quand il vit une tête passer par la porte du bar. Qui était ce rigolo? Il avait peur des vampires ou il était intimidé? Hippolyte n'y prêta guère attention, préférant de loin se concentrer sur les paroles plutôt tendancieuses de son incube de 'frère'. Il sourit à ce dernier, et lui répondit:

" Parfait! Et nous ferions de charmantes petites choses à deux... "

Dave rit à gorge déployée, mais sa vision était encore perturbée par l'inconnu importun. Il tenta quand même de l'ignorer, et écouta plus distraitement Valariel: il surveillait l'intrus, tentant de deviner ce qu'il faisait. Néanmoins, le manège de Valariel ne lui échappa pas: cet index qui jouait gracieusement sur le verre vide du vampire, cette main sous son menton... et cet air rêveur. L'incube était à croquer. Il lui parla alors de nouveau du 'show': apparemment, il n'était pas contre. Mais contre quoi? Dave doutait vraiment que Valariel ne carbure à l'alcool ou l'argent. Mais il existait un autre carburant, que David ne serait pas contre le fait de lui fournir.

" Je sais être très... motivant quand j'en ai envie. "

Hippolyte mordilla inconsciemment sa lèvre inférieure, avant de reprendre le verre de Valariel, le remplissant à nouveau. Quand il déposa le martini devant son client si spécial, il ne put s'empêcher de lui dire, se penchant un peu et à voix basse:

" Evidemment, c'est la maison qui offre. "

Mais il dut reporter son attention sur autre chose. Cet énergumène bizarre qui passait uniquement la tête, dans un geste plutôt impoli. Dave fronça les sourcils et lâcha à Valariel, avant d'aller de l'autre côté du bar:

" Tu m'excuses quelques secondes? "

Déterminé - il était quand même dans son bar, entouré des siens et de quelques autres - David s'avança vers l'inconnu, et d'une voix à la fois serviable et un peu méfiante, il lui lança:

" Je peux vous aider? "

Evidemment, il ne montra pas ses canines. Il n'était pas contre le fait d'accueuillir quelques humains chez lui, du moment qu'ils finissaient de l'autre côté du Soleil ou dans la fosse commune. Les rares humains pouvant ressortir toujours humains du Dead Dave's étaient ceux comme Kalÿce: les exceptionnels. Est-ce qu'il était face à l'un d'eux... David ne le pensait pas... mais il aimait bien son look. Bizarrement.

M'aider, pis quoi encore ? Non, pas moyen, je ne parle à personne ici . Pieter regarda quand même le questionneur, d'un air agacé . Et là : Aaaaaaaaaargh . Qu'est-ce qu'il était BEAU !!!

Que je sois damné, se dit Piete . Et il le pensait vraiment ... du moins à ce moment-là .

Ah oui mais attention, méfiance, si ça se trouve c'en était un ... Non, pas possible, il était trop BEAU !

Melvin avait bien dit de faire attention mais là, impossible . La seule chose que Piete avait envie de lui faire pour s'assurer que cette créature de rêve était mortelle, c'était lui rouler un patin séance tenante à la recherche de la canine perdue .

''Ecoutez monsieur,'' sourit-il largement en prenant automatiquement sa voix de gosse-paumé-à-la-recherche-d'un-bol-de-chocolat-chaud-et-d'un-peu-de-réconfort, ''en fait je crois que vous pouvez me sauver la vie . Sans rire ! Je cherche une bonne copine à moi . Enfin non, je traîne juste avec elle hein,'' se dépécha-t-il de corriger pour pas que le bel éphèbe croie avoir affaire à un sale pervers d'hétéro en quête de sa régulière . ''Une espèce de grande meuf musclée, un peu catcheuse quoi, très décoiffée en général, rouquine, avec des habits assez courts mais pas ... enfin cool, vous voyez le genre . Elle a dû venir ici y a pas longtemps .''

Il prit l'air assuré pour ne pas risquer de questions embarassantes sur l'origine de son assertion, auxquelles il aurait été forcé de répliquer par un numéro d'Indien de Plaines impropre à exciter autre chose dans la noble assistance qu'une curiosité amusée, ce qui ne lui suffisait absolument pas .

A propos, mieux valait faire un petit tour d'horizon vite fait en cas de préparation d'attaque éclair venue d'un coin sombre ...

C'est ainsi que Pieter Klampisch se retrouva en train de flasher comme un benêt sur deux vampires en même temps, et techniquement incapable d'envisager qu'ils en soient . Le ''danseur du ventre'' adorablement accoudé au bar était largement aussi sexy que le premier larron . Impossible de faire un choix alors autant essayer de les pécho les deux, pas vrai ?

''Bonjour,'' lança à nouveau le paumé-hilare qui sommeillait en Piete, avec un signe de la main euphorique à Valariel . ''Hé, j'adore tes ceintures, ça le fait !''

[désolé pour le retard, boulot, horaires, vie sociale, train-train quotidien, tout ça]

Au plus grand plaisir de Val, son incube de "frère" entra dans son jeu. Le sens de ses paroles ne lui avait pas échappé. En effet, Dave lui déclara qu'il savait se montrer "motivant" quand il le souhaitait. Le sourire de Val devint alors plus large, prenant cette réplique comme une réponse positive à sa proposition. Et vu le ton qu'il avait pris, il avait très vite compris ce à quoi le danseur faisait allusion. Ce dernier en était plutôt ravi... aussi, pendant que le barman était en train de remplir à nouveau son verre, Val ne put s'empêcher de lui répondre.

"Je n'en doute pas un seul instant, Dave..."

C'était un incube de longue date lui aussi, il savait comment s'y prendre pour ça. Val s'en doutait bien. A cette simple pensée, il s'impatientait terriblement. Mais tout de même, il lui restait suffisamment de conscience et de maîtrise de soi pour se ménager. Il laissa donc Dave finir de remplir son verre, se caressant délicatement les cheveux en attendant que ce soit fait. Et quand ce fut fait, le barman lui révéla que "la maison offrait"... Dave avait-il pris sa proposition concernant "un verre de temps en temps" au premier degré, ou souhaitait-il lui faire ce cadeau pour lui montrer qu'il ne le considérait pas comme un "simple" client ? Dans un cas comme dans l'autre, l'incube secoua simplement la tête en souriant amicalement, comme pour lui dire que ce n'était pas la peine. Même si une telle offre ne pouvait que lui faire plaisir. Il s'apprêta ensuite à reprendre cette charmante conversation. Mais hélas ! Le barman le quitta avant qu'il n'eut le temps de reprendre la parole. Valariel, pourtant, le laissa filer sans problème, plutôt intéressé par ce qui pouvait bien préoccuper Dave. Il lui lança simplement trois mots pour lui répondre.

"Pas de problème !"

Il n'attendit pas deux secondes pour se retourner et le suivre du regard. Il était resté un grand enfant, et il était toujours aussi curieux qu'il y a cinq siècles. Aussi, il remarqua facilement l'individu aux portes du bar. Quoiqu'il aurait été difficile de ne pas le remarquer avec ses cheveux de la couleur d'une émeraude !
Tout en regardant de son siège Dave et le visiteur, Valariel attrapa son verre, de nouveau rempli. Il détourna des yeux de la scène qu'il observait, pour en jeter un sur le récipient. Le vampire se demandait si c'était vraiment bon pour lui de boire encore un verre, alors qu'il venait tout juste d'en finir un. Le seul liquide que les créatures de son espèce devraient boire, c'est celui qui circule dans nos veines. Et il savait pertinemment qu'il tenait beaucoup moins à l'alcool que la plupart des clients qui se trouvaient là. Malgré tout, il porta une nouvelle fois le verre à ses lèvres, et but une première gorgée, avant de se lécher les babines pour récupérer ce qui lui avait échappé. La gorge toujours plus chaude. Encore quelques gorgées, et Valariel cesserait de faire des avances pour se jeter directement dans le tas... il s'en doutait bien, justement. Ca lui ferait une bonne excuse pour jouer les impudiques tiens.

Mais en attendant, il se demandait bien où Dave en restait. Impatient et curieux, il se leva pour se rapprocher du barman et de l'individu aux cheveux verts, gardant son verre en main pour le consommer petit à petit. L'individu en question avait l'air humain, même si son allure était assez spéciale. Mais ça lui allait plutôt bien. Il était simplement en train de parler avec Dave. Mais de quoi ? Difficile à dire pour Valariel, qui était encore trop loin pour bien entendre ce qu'ils disaient. Ce n'était pas plus mal d'un côté. L'incube avait beau être curieux, il n'en était pas malpoli pour autant. Quand il eut fini de s'approcher, il put entendre la dernière réplique du bonhomme. Forcément, ce dernier s'était adressé à lui. Il devait déjà l'avoir remarqué quand il était encore au comptoir, accoudé. Et visiblement, lui aussi, il aimait bien le style de Valariel. Du moins, les ceintures. Valariel eut un large sourire en entendant le compliment. Il ne savait pas ce qu'il venait faire ici, ni ce qu'il avait derrière la tête. Mais il commençait tout de même à l'apprécier.

"Merci bien !" lui répondit-il. "Les cheveux verts aussi, je trouve ça sympa !"

Peut-être se montrait-il un peu trop familier avec un individu qu'il ne reconnaissait pas. Et il ne savait toujours pas de quoi il parlait avec Dave. Jetant un coup d'oeil à ce dernier, il se rapprocha encore de quelques pas, remuant doucement le verre avant de le porter à nouveau à ses lèvres, ne quittant pas du regard la scène.

Les pensées de l'humain étaient presque aussi voyantes que ses cheveux. David aimait les moments où il pouvait lire dans les gens comme dans un livre ouvert. Pieter n'était pourtant pas un livre ouvert: c'était carrément un tag sur le mur. Le vampire sourit doucement en se disant qu'en effet il était beau. C'aurait été le comble d'être laid alors qu'on était incube, non? D'ailleurs, il n'était pas le seul incube ici, et le deuxième ne tarda pas à montrer son nez, quoique très discrètement.

David avait envie de lancer une vanne comme quoi il était en effet le plus beau vampire de toute la ville, mais s'en abstint, parce que ce Pieter n'était pas entré: il se méfiait, et Hippolyte se demanda même vaguement s'il n'était pas de ceux dont l'unique but dans la vie est de planter un pieu dans le coeur du premier vampire venu. Enfin, Dave sourit à nouveau en associant les mots 'pieu' et 'planter' d'une manière différente. Le sourire s'effaça quand Piete parla de Baltimore.

" Baltimore Brown? Vous la connaissez? Si vous êtes son ami, je vous en prie, entrez, et ne restez pas sur le seuil comme un enfant curieux et apeuré. "

Pieter avait prononcé le mot magique... enfin, il ne l'avait pas prononcé, il l'avait fait comprendre. David ne considérait pas Balti comme son amie... du moins pas encore, mais elle était quand même quelqu'un de spécial, avec un statut bien à elle de 'connaissance importante'. Si Pieter était son ami, il était plus ou moins sûr qu'on ne lui ferait rien... David y veillerait. Il n'avait pas envie d'attiser la gueguerre permanente des clans en se mettant Baltimore à dos. Il allait faire un signe à Valariel, quand l'humain le héla. L'incube approcha, et ils se retrouvèrent comme des débiles, tous trois au seuil du bar. Qu'il entre ou qu'il parte, mais Hippolyte n'avait pas envie de rester là, en plus il avait du boulot... Et il faisait froid.

" Si on se tutoyait, hmm? "

Allez, on teste... et on croise les doigts.

" Je suis David de Sainte-Croix, le propriétaire de ce bar. Appelle-moi Dave. Lui, c'est Valariel."

Et là, Hippolyte sourit, dévoilant discrètement ses canines. Finalement, une pensée envoyée par ci par là ne ferait pas de mal. Il adressa la première à Pieter, et la seconde à Valariel:

* Ne t'inquiètes pas, on ne te fera rien si tu es ami avec Brown. *
* Valariel, ne le mord pas et ne lui fais pas peur... j'ai quelques doutes le concernant.*

Le tout en restant souriant, alors qu'il rejoignait son bar. Que pourrait-il servir à un client humain... hmm, une petite margerita? A moins qu'il n'aime les choses un peu plus fortes, comme un TGV...Mystère.

C'est quoi ces salades ? Il y a d'autres amis de Miss Browne qui viennent dans ces lieux de perdition ? Mais ils sont tous fous ! Faut que je les embarque et qu'on aille se descendre quelques bières dans la nature, ça sera tellement plus sûr . Et plus sympa aussi . Et on pourra faire tellement plus de choses ! Non il n'était pas intéressé le petit Klampisch, juste un peu . C'est pour leur bien uniquement, pour les convaincre de quitter ce bar à vampires, qu'il rejoignit les deux beaux gosses à l'intérieur comme ils l'y invitaient, ôtant de manière un rien suggestive sa veste de jean noir clouté bordée de fausse fourrure aux teintes métallisées, qui de toute façon n'avait jamais caché grand-chose . Le coffret collector de Buffy, il roula la veste autour . On ne sait jamais .

He he he ça s'annonçait bien . Trop bien, aurait-il dit s'il avait été médium ou devin mais sa seule connaissance du monde de l'occulte était celle d'un bibliothécaire averti . Bon, faut reconnaître ... très averti . Mais dans des cas comme celui-là ça ne remplace pas . Y en avait un qui aimait ses cheveux et l'autre qui voulait qu'il le tutoie, bien bien bien .

''Tranquille, appelle-moi Piete, je suis Pieter Klampisch, tu sais à Detroit la grande banque K'n'K, ben c'est la famille de mon père, Klampisch and Kapellmeister .''
Graaaand sourire tout fier de la pourtant assez odieuse famille de son père et de ses dents Colgate . Et d'un seul coup, la douche froide, le gros générique de début de film d'action une fois passées les premières minutes en suspension entre érotisme et angoisse, la seringue à l'adrénaline injectée directos dans le coeur ... ah donc oui c'en étaient en fait . Gardons notre sang-froid, pas de panique .
Pieter faillit éclater en sanglots . Oh non, allez, pas ces deux-là ! Ou alors juste un, mais qu'on lui laisse au moins l'autre !

Il faut dire à sa décharge qu'il pensa à ça tout de suite, avant de songer à craindre pour sa propre existence . Il y avait pas mal de trucs qui s'écroulaient en même temps, là ; pas seulement la baraque de type castel hispanique qu'il se montait gentiment concernant ses futures relations avec les deux piliers de bistrot, mais aussi cette déstabilisante affaire de Miss Browne qui viendrait de son plein gré dans un endroit pareil et dont les amis seraient les amis du patron ... ça ressemblait vaguement à ce qui se fait de mieux en matière de trahison tout ça . Mais non, ressaisissons-nous, il doit mentir pour m'amadouer . Je ne dois rien croire de ce qu'il me dit . Je dois sortir de cet endroit .

A cet instant, le générique du début de Code Lyôko résonna dans le bar . Klampisch des Klampisch de K'n'K, qui depuis que les choses étaient claires avait les yeux braqués avec suspicion sur le verre que sirotait le mec aux ceintures cool, rougit violemment sous son hâle naturel de véritable playboy et se dépêcha de sortir son portable, s'attendant vaguement à ce qu'on lui saute dessus dans l'intervalle, et renversant dans la manoeuvre son coffret dont le contenu se répandit sur le sol .
''Ouais ?'' lança-t-il nerveusement en coinçant l'appareil contre son oreille pour pouvoir ramasser . ''Miss Browne ? Vous êtes où ? Comment ça, que je la ferme ?'' N'empêche qu'il la ferma . Ses yeux s'écarquillèrent et un boîtier lui échappa ; cette fois ce furent les deux dvd qu'il contenait qui roulèrent aux pieds des clients ... Piete abandonna et se concentra sur la question qui venait de lui être posée .
''Heu ouais, vous allez pas me croire mais j'en ai deux juste en face de moi ... Pourquoi, vous ...'' De nouveau il se tut prudemment tandis que des éclats de voix s'échappaient du téléphone ( lequel, ne me demandez pas pourquoi, s'avéra être rose . Au milieu des cheveux verts, on ne pouvait pas le louper . Piete était très sapin de Noël, tout le monde le lui disait . )
''Ah ... mais franchement je vois pas pourquoi vous vous en ... Mais Miss Browne, un de plus ou de moins ... Bon, comme vous voulez .'' Il releva les yeux vers les deux beaux mecs / abominables créatures de la nuit / personnes demandées par Miss Browne quelles qu'elles soient, et expliqua comme si prononcer de tels mots exigeait de lui un effort de volonté surhumain, comparable à celui d'un cancre à qui on fait réciter ses tables :
''Elle passe devant la gare là et elle dit qu'un vampire s'est jeté sous un train et elle demande ce qu'il faut qu'elle fasse . Enfin, dans l'optique où il y ait quelque chose à faire .''

Valariel était d’accord pour rentrer dans le bar plutôt que de rester dehors. Il n’était pas frileux de nature, mais il trouvait quand même que c’était plus agréable et plus confortable à l’intérieur. Aussi, il eut un petit sourire légèrement grivois, en observant le bronzé enlever d’une manière bien suggestive sa veste noire. Vraiment, il ferait un bon appât pour notre petit incube. Il pourrait toujours se le réserver pour plus tard, si les choses se présentaient bien. Et puis, au cas où, il pourrait tout aussi bien continuer ce qu’il avait commencé avec Dave. Celui-ci, par ailleurs, se présenta et fit de même pour Valariel. En guise de réaction, le petit incube fit un sorte de clin d’oeil tout en glissant sa main libre dans sa chevelure, au niveau du front, tandis que son sourire s’élargit pour se faire toujours plus sympathique. C’était un peu sa manière à lui de dire "Enchanté !" tout en gardant la bouche fermée.
Et puis, comme une voix intérieure flotta dans sa tête. Une voix similaire à celle de Dave. C’est vrai, il était télépathe. Valariel l’avait presque oublié. Aussi, il lui demanda de ne pas le mordre, ni de lui faire peur... lui faire peur ? Mais quelle idée ! Valariel était un incube, pas un quenaud ! Il n’aurait aucun intérêt à le faire fuir. Et de toutes manières, il n’avait jamais été très doué pour intimider ou effrayer les autres, sauf quand il s’agit de dévoiler ses canines à un humain non averti. Bon, d’un autre côté, il comprenait Dave, et pensait qu’il avait tout de même raison de prévenir, dans le doute. En guise de "réponse" envers sa demande, il eut simplement pour pensée :

*Roh, ce n’est pas du tout mon intention !*

Après, il n’était pas capable d’émettre ses pensées comme le barman le faisait si bien. Libre à ce dernier de les lire ou non, même si Valariel préférerait sûrement un peu d’intimité de ce côté. Il préférait largement exhiber son corps que son esprit. Enfin, là n’était pas la question. La question, c’était plutôt de savoir qui était réellement ce bronzé et ce qu’il était venu faire dans le coin. Cela semblait préoccuper Dave en tout cas. Bon, certes, Valariel était plutôt préoccupé par d’autres interrogations...

*Il faut AB-SO-LU-MENT que je sache quelle est la marque de sa teinture !*

Loin de l’incube l’idée de se teindre les cheveux en vert émeraude (ça ne lui irait pas du tout !) mais il avait toujours été plus ou moins intéressé par tous les produits de beauté qui pouvaient exister. Et plus exactement, par tout ce qui était purement esthétique. Comme le piercing, tiens. Cette pratique semblait avoir été faite pour lui, comme les ceintures étaient faites pour Val. Ce dernier n’irait sûrement jamais plus loin que pour ses deux petites boucles d’oreilles, mais il trouvait que ça lui allait bien, au visiteur. Selon ses dires, son nom était donc Pieter Kamplish... ou Klamplish... ou Kalmp... bon, quel que soit son nom, Valariel l’appellerait Piete, comme dit ! De toutes manières, il avait toujours adoré ce genre de petit sobriquet. C’est pour ça qu’il a toujours appelé le second incube de la scène Dave et non David.
Tout d’un coup, une sorte de musique se mit à résonner dans tout l’établissement. Musique qui se révéla être la sonnerie du téléphone portable du dénommé Piete. Déduction que fit Valariel après quelques longues minutes de réflexion, en voyant le bronzé sortir le dit téléphone. Dans sa hâte, il avait fait tomber un coffret qu’il devait transporter depuis un bon moment. Le petit incube était plus intéressé par les affaires de Piete que par ce qu’il avait à dire au téléphone. Comme ça avait déjà été dit, Valariel n’était pas impoli, juste un peu curieux. De toutes manières, ça n’aurait pas changé grand chose pour lui d’écouter ou non la conversation. Et puis, il ne connaissait pas de miss Brown. Ou alors, seulement de réputation. Il n’était jamais allé au Lunatic Café, bien qu’ayant eu l’occasion de passer à côté, de temps à autre. Du coup, il ne connaissait pas vraiment Baltimore Brown, contrairement à ce que l’on pourrait penser. Il avait beau connaître Dave qui avait beau connaître la mademoiselle, ce type de "relation" n’en est pas transitif pour autant.
Et puis là, zou ! Ce fut au tour d’un boîtier sorti du coffret que Piete s’embêtait à ramasser ! Deux disques s’en échappèrent pour se retrouver par terre. Le pauvre visiteur aux cheveux verts, visiblement un brin perturbé par la conversation téléphonique, préféra laisser ce qui lui avait échappé là où c’était. Valariel, bien gentil et bien naïf, s’approcha du boîtier pour l’aider à ranger ce qu’il avait fait tomber. Il sirota une nouvelle fois sa boisson, se baissa délicatement, et attrapa le boîtier de sa main libre. C’était inévitable : il jeta un oeil aux inscriptions de la boite en question, histoire de voir de quoi il s’agissait.

"Buffy... contre les vampires..."

Il murmura doucement ces quelques mots tout en lisant le titre, comme à lui-même. Au dernier mot, il eut un petit sourire qui pouvait aussi bien refléter de l’amusement que de l’ironie. Il avait déjà entendu parler de cette série télévisée fantastique, sans jamais en avoir vu le moindre épisode. Il repensa alors à sa précédente conversation avec Dave, et se demanda si les producteurs avaient déjà eu l’occasion de rencontrer de "vrais" vampires, histoire de rigoler. Bon, après, il n’était pas tellement intéressé par les aventures d’une apprentie exécutrice. Mais concernant Piete, l’idée que son apparent intérêt -apparent, parce que le coffret pouvait très bien appartenir à un de ses amis ou de ses éventuels clients- envers une telle série, en faisait un ennemi des créatures de la nuit, ne lui aurait jamais mais JAMAIS traversé l’esprit ! Il y avait bien des gens qui jouaient à des jeux vidéo ou qui regardaient des films où les extra-terrestres envahissaient la planète Terre afin annihiler la race humaine. Non, vraiment, ça ne prouvait rien !
C’est donc en tout naïveté qu’il se releva, son verre dans une main, le boîtier dans une autre, peu avant que Piete ne s’adressa à lui et à Dave. Visiblement, d’après ce qu’il disait, un vampire s’était jeté sous un train. Rien qu’en imaginant cette terrible scène, l’incube eut la nausée, et ravala inconsciemment sa salive. L’interlocutrice ne savait pas quoi faire, et, de toutes évidences, Valariel non plus. Il n’avait aucune idée de la réponse à donner ou de l’attitude à adopter. Il avait peur de sortir la mauvaise réplique et d'attirer les foudres de l'un ou de l'autre. Il tourna légèrement la tête vers Dave pour le regarder du coin de l’oeil, histoire de vérifier ce qu’il devait penser. Il se retourna peu après vers Piete, et, un sourire embarrassé sur les lèvres, lui répondit simplement :

"Ce... n’est pas vraiment dans mes cordes..."

Et même s’il avait été un secouriste émérite, il n’aurait sûrement jamais répondu autre chose... il préférait laisser à Dave le soin de répondre pour deux. Même si c'était lâche.

Même s'il ne le savait pas, et qu'il pensait peut-être cela totalement impossible, Pieter plaisait pas mal à David, et pas seulement physiquement: il avait l'air d'un homme amusant, pas forcément facile à vivre, mais avec qui on ne s'ennuyait jamais. On croirait presque qu'on ne pourrait se lasser de lui, même en quelques siècles, car il semblait toujours avoir cette petite surprise, ce brin de fantaisie qui fait toute la différence. Hippolyte avait connu trop peu de gens comme Pieter au cours de sa très longue vie.

Ce dernier se présenta, après que le patron se soit lui-même nommé, balançant au passage le nom de son très incube ami. Pieter Klampisch. Original, assurément, tout comme l'homme qui se cachait derrière ce nom. David n'avait aucun scrupule à lire plus avant dans les pensées de l'humain, qui de toute manière ne se rendrait compte de rien. Il s'amusa bien, car les pensées de ce dernier étaient divisées. Rien de plus jouissif que de créer le doute chez l'autre, n'est-ce pas?

Trève de plaisanterie, David laissa un moment Valariel et Pieter ensemble, et lui repassa de l'autre côté du bar. Il servit finalement un cocktail assez fort à Piete, lui signifiant d'un geste de la main qu'il le lui offrait. Dans son verre, du soho, du sake et un peu de jus de litchi et de lait de coco. Frais, exotique, bon et fort. Ca devrait plaire à Monsieur Tifs Verts. David reparti ensuite à son boulot, essuyant des verres et composant des cocktails pour d'autres clients. Le bar commençait à se remplir un peu plus à cette heure. C'est alors que le portable de Piete sonna, en même temps que ses DVD se déversèrent sur le sol. Valariel, plutôt silencieux après l'envoi de pensée de David - et ce dernier avait accueilli la réponse de Val avec un sourire - s'empressa, curieux, de lire à voix haute de quoi il s'agissait. Buffy? Mon dieu, mais quelle horreur... Dave était tombé une fois par hasard sur cette série, et elle était truffée de petites erreurs et incohérences. Mais, à l'instar de Valariel, il ne pensait pas que Pieter était leur ennemi simplement parce qu'il aimait cette série. De toute manière, avec le gouffre qu'il y avait entre les vampires réels et fictifs, la comparaison ne pouvait se faire. Si les créatures présentées dans cette oeuvre étaient détestables, il n'en était pas forcément de même avec les vrais vampires, qui étaient, eux, bien différents. David ne dit rien, ne voulant pas se mettre Pieter à dos si vite. D'autant plus qu'il connaissait Baltimore Brown, et semblait en bons termes avec elle...

Hippolyte regarda avec un oeil incrédule Pieter porter à son oreille l'appareil, de couleur rose... Dave abhorrait cette couleur, pour une raison inconnue. Mais il fallait bien dire que le vert et le rose, pour être des couleurs diamétralement opposées sur le grand cercle des teintes, pouvaient se marier plus ou moins bien. Et franchement, là ça en jetait! Bien vite, néanmoins, le vampire reprit ses réflexes: épier la conversation de Pieter sans en avoir trop l'air évidemment. Mais en fait, il n'en eu pas vraiment besoin.

Pieter cria presque le nom de son interlocuteur - la si douce et célèbre Miss Brown - et demanda même conseil à Valariel et David. Un vampire venait juste de passer sous un tra...

" UN QUOI ??? "

David avait un peu de mal à maîtriser ce genre d'émotions. Il était très respectueux de son clan, et avait une sorte d'amitié innée avec chacun des vampires qu'il côtoyait... ou non, d'ailleurs. Et là... ça lui faisait vraiment un choc d'apprendre cela. Il fallait pourtant se calmer, et réfléchir... Que pourrait faire Balti dans ce genre de situation... Il jeta un regard à Valariel, malheureusement bien plus perdu que lui... Bon, calme, zen, réfléchissons. Après avoir acquiescé à la remarque de Val, le visage lourd d'une expression grave, Hippolyte prit alors la parole:

" Hmm, surtout, s'il y a un autre vampire dans le coin, et qu'il accuse Baltimore, qu'elle sorte mon nom, ça va peut-être le calmer! J'ai pas envie qu'on se s'entretue pour un vampire suicidé. D'ailleurs ça me paraît bizarre... Demande-lui s'il reste quelque chose de lui: sang, chair, os... S'il était tout jeune, tout devrait être resté, s'il était plus âgé, son corps a peut-être disparu. Mais ça m'étonnerais qu'un vampire expérimenté fasse ce genre de choses... "

Cela ressemblait étrangement à un 'nouveau-né' refusant catégoriquement sa condition. David était passé par là, comme la plupart des vrais vampires. Mais il était bien accompagné, et cette crise n'avait pas été des plus violentes. Certains nouveaux vampires chassent leur 'père', le tuent parfois, et se renient eux-mêmes, alors qu'il n'y a rien d'autre à faire que de vivre... si tant est que ce soit réellement une vie. Hippolyte se disait que cet homme était resté homme, ce qui n'est pas compatible avec le fait d'être un vampire bien dans sa peau. La preuve est que Dave paye son humanité... en déprimant plus ou moins gravement de temps à autres.

Alors, seulement, comme si le discours de Pieter lui revenait intégralement, mais en différé, David tilta de ces paroles. 'Un de plus ou un de moins'... Finalement, il avait peut-être eu raison de se méfier. Pieter ne devait pas déprécier les vampires sans raison. Ca ajouté à l'autre blonde... C'était pas un vrai chasseur, tout de même??? David était un peu déçu qu'un véritable chasseur de vampires puisse apprécier quelque chose comme Buffy, qui était à cent lieues au moins de la réalité. Quel dommage vraiment qu'il soit ami - ou plutôt qu'il considère comme sa supérieure hiérarchique d'une organisation quelconque - avec Baltimore Brown... Pourquoi chassait-on les vampires en premier? Ils étaient moins bestiaux et bien plus élégants que les métamorphes, non? Ils étaient plus proches des hommes également. Hippolyte ne comprit pas, et puis se souvint de tous ces pseudo-vampires, souvent sortis de l'EVE, qui massacrent à tour de bras, et dont la chasse n'a plus rien de vital, mais deviens un jeu, où le plus sanglant gagne. Oui, bon, vu comme ça...

C'étaient les instructions de Miss Browne, alors il ne fallait pas chercher à comprendre . De toute façon c'était la réaction naturelle de Pieter : tu comprends vite mais faut t'expliquer longtemps, alors fais ce qu'on te dit et les explications ça sera pour après .
Il commença par écouter le vampire puis déjà largué ( et vaguement dégoûté surtout ) lui tendit le téléphone rose [ bah oui c'était ça la blague ^^' ] en suppliant :

''Tiens, je te la passe, explique-lui tout ça toi-même va !''

Il ne voulait pas être mêlé à un sauvetage de vampire, ah ça non ! Enfin avec un peu de chance la bête était proprement écrabouillée et même un congénère renoncerait à recoller les morceaux ... eeek, qu'est-ce que c'était pénible à imaginer ! Si il s'était adressé à Pieter, ça aurait été fait proprement au moins ... Avec un frisson il secoua les épaules et se mit à ramasser les DVD éparpillés .

Et pis flûte ! il engloutit aussi son cocktail, prêt à avaler n'importe quoi dans ces cas-là . Euh ça par contre, ce n'était peut-être pas quelque chose que Miss Browne serait ravie d'apprendre ... bon, il lui dirait que c'était très mauvais . Ouais, de l'eau de vaisselle additionnée de pisse de chat, voilà ce qu'il dirait, songea-t-il en renversant la tête en arrière pour attrapper les dernières gouttes .

D'où il était, il pouvait presque entendre les intonations de Miss Browne, par ailleurs harmonieuses, qui montaient dans les aigus comme quand elle s'énervait vraiment mais qu'elle n'avait aucun coupable sur lequel rugir . C'était la meilleure diversion qu'on puisse rêver, Miss Browne .

Alors, il faisait quoi ? Il en profitait pour se tailler discrètement ? Mais la ravissante créature vêtue de ceintures trop larges risquait de le capter, non ? Bah, il courait certainement plus vite ... et puis rien n'assurait qu'il serait poursuivi ... oh là là, il se racontait quoi là ? Bien sûr que les prédateurs allaient le rattrapper ... la seule solution, celle qu'il aurait dû utiliser depuis longtemps déjà, ç'aurait été de sortir sa fiole d'eau bénite et d'offrir la douche froide à toute la noble assemblée, mais l'ennui c'est qu'il y avait ce meeting ce soir, et vu ce qui devait s'y passer, interdiction de faire l'imbécile ou le bruyant au moins pour cette journée-ci ...

D'où l'intégrale . Il comptait que ça le fasse tenir tranquille à l'intérieur, avec la pancarte ''fermé pour cause de congé'', comme ça pop corn, pas de vagues, pas d'incidents, et pas de Pieter à l'ordre du jour surtout, ça c'était vraiment pas le moment ...

Abandonnant donc bravement le téléphone rose aux mains de l'ennemi, Pieter commença à reculer vers la porte, priant pour que personne ne la pousse justement à cet instant, ou alors ... pas un vampire T---T !!!

Quelle galère, mais quelle galère ! L’instant d’avant, Val avait espéré finir la nuit en plaisante compagnie. Mais cet appel le déstabilisait vraiment. Et pas seulement lui, visiblement. Pourtant, si Dave paraissait encore plus inquiet que lui, il avait plus ou moins réussi à garder son calme. Et surtout, surtout, il semblait avoir la situation bien en main. C’est vrai, il était préférable d’avoir les détails de la scène et de l’état de la "victime" avant de savoir réellement quoi faire, ou quoi en faire. Et son raisonnement concernant l’âge du vampire, en plus de tenir la route, était parfaitement justifié. Apparemment, l’élégant incube savait comment s’y prendre pour tout arranger. Lui qui avait tant de charisme. Pieter semblait aussi l’avoir remarqué... sinon pourquoi lui aurait-il passé son téléphone portable ?

"Euh..."

Valariel avait la vague impression d’être plus qu’inutile dans cette histoire. Plutôt que de se poser la question sur le pourquoi, il préférait s’interroger sur le comment. Le mal était fait, et tout ce qu’il pouvait faire maintenant, c’était minimiser les dégâts. Mais s’il restait là, il ne servirait pas à grand chose. Pour ne pas dire à rien. Dave se retrouvant le portable en main, et son bar à gérer, il serait plutôt surbooké ! Il pouvait tout aussi bien laisser les choses comme elles sont, et continuer son travail dans son établissement, mais il avait trop de respect envers les siens pour ça. Le second incube ne voulait pas fermer les yeux non plus. Valariel pourrait toujours soutenir son ami, et s’occuper de faire patienter les autres clients, mais cela pouvait prendre longtemps. Et il n'était pas bien doué pour faire des cocktails. Quant à lui demander bêtement de lui passer le portable, ce n'était même pas la peine d'y penser. Après tout, il n'aurait sûrement rien à répondre à la miss Brown. Mais alors, que faire ? Là était la question.

Une moue se dessina sur son visage, trahissant son état d’esprit sur le moment. Il jeta un coup d’oeil à son verre, constatant qu’il n’était pas tout à fait vide. Il ne tarda donc pas pour finir de le boire. Cul sec. Il posa, rapidement mais doucement, le verre sur le comptoir, et regarda tour à tour, tout aussi rapidement, le séduisant barman et le charmant bronzé à la verte chevelure. Eprouvant de la compassion pour les autres protagonistes de la scène actuelle, et ayant décidemment décidé de leur rendre service, d'une manière ou d'une autre, il s’approcha de l’humain qui était alors en train de ramasser les DVDs qu’il avait lâchés quelques instants précédents. Le visage de l’incube, si jovial il y a encore quelques minutes, était devenu soudainement sérieux. Son sourire avait visiblement déménagé en attendant des jours meilleurs. Sur un ton faussement calme et serein, il s’adressa à Pieter.

"Hé, n’oublie pas ça !" lui dit-il en lui tendant le boîtier qu’il tenait toujours en main. "Je me demandais, Piete, tu n’aurais pas un véhicule garé pas loin, par hasard ? Une moto, une voiture, qu’importe. Dans le doute, j’aimerais bien aller voir ce qu’il se passe dans la gare. Mais je n’ai pas le permis, alors..."

Masochiste le Val ? Et si le vampire n’était plus en un seul morceau ? Il n'était sûrement pas passé entre les roues ! L'image qu'il se faisait de la scène l’écoeurait réellement. Même s’il était lui-même un vampire, il n’a jamais été assez sadique pour découper sa viande avant de la déguster. Surtout pas avec un train. Trop lourd, trop mortel. Mais malgré tout, il tenait à vérifier comment la situation évoluait, aussi bien par curiosité que par respect pour les siens. Et si c’était un piège ? Raison de plus pour aller voir de quoi il en retournait. Il avait vécu trop longtemps pour mourir bêtement, le Val. Restait alors le problème du déplacement. Il pourrait toujours y aller à pied, mais il perdrait trop de temps, n’ayant pas la capacité de léviter ou de se téléporter façon Star Trek. Même en envoyant un de ses compagnons en éclaireur, il ne pourrait jamais agir directement là-bas. Il restait donc l’option "Taxi"...

Mais se faire conduire par Pieter, est-ce que c'était risqué ? Sûrement pas pour Valariel ! Contrairement à Dave, il n’eut toujours pas le moindre soupçon vis-à-vis de lui. Pour lui, Pieter était l’un de ces boute-en-train comme on en aimerait chez soi. Un serviteur de dame Nature qui ne trouvera le sommeil que quand il aura annihilé la race vampirique ? Sûrement pas ! Ce n’est pas parce qu’on détient l’intégrale de Buffy sous le bras qu’on est un chasseur de vampires ! Sinon, il faudrait exterminer toutes les personnes qui ont des DVDs de Freddy ou de Jason chez eux...
En plus, il avait une seconde raison de vouloir emmener Piete avec lui : la Baltimore Brown. Si c’est elle qui a contacté l’humain, et si elle se trouve non loin de l’endroit où se trouve le vampire -ou plutôt ce qu’il doit en rester- il était préférable que ce soit le bronzé qui s’entretient avec elle plutôt que Valariel. Mais ce dernier pourrait toujours en profiter pour se rendre utile. Ce serait toujours mieux que de rester là et d’attendre que les choses se fassent. Après, bien sûr, Pieter n'avait pas forcément un véhicule. Et il faudrait alors aviser. Mais une chose est sûre, il n'allait pas l'abandonner pour autant.

"Sinon..."

Il restait à savoir si Dave avait prévu quelque chose ou non. Il ne savait pas où il en était, avec tout ça. Et en y réfléchissant, il pouvait tout aussi bien fermer exceptionnellement le bar pour la soirée, afin d'aller voir lui-même. Mais ce serait quand même dommage, et Valariel n’avait pas de travail ce soir, donc il valait mieux que ce soit lui qui y aille. Aussi, avant de laisser la possibilité à Pieter de répondre, dans sa hâte, il se tourna vers Dave pour s’adresser à lui.

"Dave, je pense que je vais aller voir sur les lieux du crime de quoi il en retourne. Ca te va ?"

Cette histoire tournait vraiment au n'importe quoi... Un mec bizarre et inquétant faisait irruption dans le Dead Dave's, trimballant de la pure propagande anti-vampires tout contre son sein, et qui recevait un coup de fil de la part de Baltimore Brown. La Miss Brown. David prit le téléphone immonde d'une main hésitante, avant de finalement soupirer et répondre à Balti:

" Ouais! C'est moi... Apparemment, il ne se sentait pas capable de répéter ce que je venais de dire... "

La moue d'abord agacée de Dave se mua en un sourire amusé, avant de redevenir sérieuse. Un vampire avait été éliminé. Si ça se trouve, c'était même criminel... Dave y avait également pensé, que croyez-vous? Mais avant de faire des conclusions hâtives, analysons la scène dans toute son étendue:

" Tu étais là? Ok, raconte-moi... Calme-toi! Si tu stresses, et qu'un des nôtres te voie comme ça en sachant ce qui vient de se passer tu risques ta peau... Ouais, et après c'est la IIIe guerre mondiale vampirico-métamorphique??? Bon! Reste calme je te dis... Il reste quoi du vampire? ... Bah y'a du sang, des os? Quelque chose quoi? ... Bah regarde!!! "

Baltimore avait vraiment les nerfs à fleur de peau, et David ne manquerait pas de l'imiter si ça continuait comme ça... Il la sentait stressée, ne sachant pas quoi faire. Et c'était bien normal! Mais il ne fallait surtout pas qu'elle oublie de se protéger elle, contre d'éventuels canines pointues rôdant dans le coin. On ne savait jamais ce que ce genre d'incident pouvait avoir comme conséquences, alors qu'elle fasse attention!

C'est à ce moment, après avoir rendu quelque chose à Pieter et lui avoir demandé un truc que David n'avait pas compris, que Valariel annonça au barman qu'il allait peut-être aller directement à la gare pour s'en occuper. Pourquoi pas... Le vampire fit une drôle de tête, un peu dubitatif, puis hocha la tête.

" Bon, quelqu'un va venir... Enfin je sais pas comment ni dans combien de temps... C'est Valariel, un vampire avec de longs cheveux blancs et des pleins de ceintures... Autour de la taille, banane!!! Bon... T'es sûre que ça va aller? Désolé, moi je peux pas venir, j'ai trop de boulot, je peux pas fermer... Non je... Laisse-moi f... Que veux-tu que je fasse??? Je peux pas fermer le bar je te dis!... C'est pas vrai tu peux pas te passer de moi, hein! "

David finit par rire doucement, avant de redevenir sérieux. La situation actuelle était grave, d'autant plus que personne ne savait réellement ce qui se passait... Baltimore n'avait pas réussi à décrire clairement la scène, et David ne savait pas quoi faire dans ce cas là... Aussi, après avoir dit au-revoir à Miss Brown, il rendit son téléphone hideux à Pieter.

" Tiens, prend-le... J'ai pas raccroché. "

Quelques clients attendaient déjà, et tout inquiet qu'il fut, Dave alla les servir, la mine un peu plus renfrognée qu'à son habitude. Il évita de trop parler de cette histoire tant qu'il n'en savait pas plus. Vraiment, c'était quoi cette histoire de vampire suicidaire??? On l'avait peut-être poussé... Ca semblait plus probable pour Hippolyte, et évidemment, la première chose qu'il pensa, c'était que c'était Baltimore la meurtrière... Avant de se raviser à l'aide d'une bonne gifle mentale. Baltimore n'était pas comme ça... Il la connaissait peu, mais elle n'avait jamais tenté de le tuer ou quoi que ce soit... Non, ce devait être un accident qui avait causé la suppression du vampire, et une coïncidence que Baltimore soit là au même moment. A moins... que les chasseurs de vampires ne soient de retour? Ce n'étaient pas leurs méthodes, mais on n'était jamais trop prudent... Jamais David n'aurait cru avoir raison à ce point.